A propos de l’IRM
L'Institut royal météorologique du 20e siècle vole de ses propres ailes - l'évolution vers une institution scientifique moderne
1901
Depuis 1834, on publie chaque année l’ « Annuaire de l’Observatoire royal de Belgique ». A partir de 1901, il sera divisé en deux parties : « l’Annuaire astronomique de l’Observatoire royal de Belgique » et l’ « Annuaire météorologique de l’Observatoire royal de Belgique ».
L’ « Aéro-Club de Belgique » est fondé en 1901. En son sein, se trouvent des astronomes, des météorologues, des automobilistes, et notamment Fernand Jacobs, président de la « Société belge d’Astronomie ». L’Aéro-Club de Belgique dispose d’un terrain sur le plateau de Koekelberg pour le lancement des ballons à air.
Albert Lancaster propose au Ministre de fonder un service d’agro-météorologie, mais cette proposition ne rencontre pas le succès escompté. Il faudra attendre les années 60 pour qu’une section de Bioclimatologie voit le jour à l’IRM, et elle y maintient ses activités jusque dans les années 90. La section Bioclimatologie étudie l’influence du climat sur les organismes vivants, ainsi que le lien entre ces organismes et leur environnement climatique.
1904
Le 2 juin 1904, on lance à Saint-Gilles (Bruxelles) le ballon « Aéro-Club n° I », contrôlé par l’aéronaute français Louis Capazza (1862-1928). Jean Vincent (1851-1932) est aussi impliqué, car il est responsable des observations météorologiques.
Le jeudi 1er septembre 1904, à Spa, on lance un nouveau ballon-sonde. Cet événement s’inscrit dans le cadre de la section aéronautique d’une exposition sportive qui se déroule à Spa entre juillet et septembre.
L’Aéro-Club de Belgique assure la surveillance des deux décollages.
1906
Albert Lancaster propose que le Service Météorologique de l’Observatoire Royal de Belgique participe à un lancement international de ballons-sondes. Jean Vincent et Fernand Hooreman (1878-1933) se rendent fin janvier à Strasbourg afin de prendre connaissance des méthodes de sondages appliquées par le Service Météorologique de l’Alsace-Lorraine. Il faut toutefois attendre le 5 avril 1906, à 7h21, pour assister au lancement du premier ballon-sonde à Uccle. La Belgique est alors le dixième pays au monde à lancer des ballons-sondes. Entre 1906 et 1912, Jean Vincent calculera la température moyenne à différentes altitudes au-dessus d’Uccle, grâce aux mesures prises par ballon-sonde.
Le 12 mars 1906, une violente marée de tempête conduit à de graves inondations dans le Pays de Waes.
A Mons, le météorologue Albert Bracke rédige des articles pour la « Revue Néphrologique », une publication mensuelle qui traite de météorologie aérienne et d’aérologie scientifique.
Dans le cadre d’une recherche systématique, dès le 1er février 1906, de petits ballons sont quotidiennement lancés dans les airs, transportant avec eux un questionnaire. Ceux-ci, une fois remplis, sont renvoyés aux rédactions des revues « La Conquête de l’Air » de l’Aéro-Club et de la « Revue Néphrologique ».
A Bruxelles, du 7 au 11 septembre 1906, se tient un congrès international pour l’étude des régions polaires. Le congrès est présidé par Auguste Beernaert (1829-1912), ministre d’Etat, tandis qu’Adrien de Gerlache de Gomery et Georges Lecointe en sont les secrétaires. On discute d’un avant-projet de fondation d’une Association Internationale pour l’Etude des Régions Polaires.
1907
Edouard Descamps (1947-1933), ministre des Arts et des Sciences (1907-1910), instaure une commission pour la réorganisation du Service Météorologique. Fernand Jacobs se réjouit de cette initiative, mais remarque dans le « Bulletin de la Société belge d’Astronomie » que le travail de cette commission est énorme et écrit que « tout est à faire ».
Il note en outre que, dans le cadre des débats parlementaires sur la reprise de l’Etat indépendant du Congo par la Belgique, la réorganisation du Service Météorologique de l’Observatoire devrait inclure une section de recherche en météorologie coloniale.
Le 9 juin 1907, on réalise des expériences avec des ballons piriformes à Diegem, dont on espère qu’ils joueront un rôle dans la protection contre la grêle.
Jean Vincent publie en 1907 un « Atlas des nuages » comme contribution à la réédition revue et corrigée de l’ « Atlas international des nuages » publié en 1896. La morphologie des nuages est un thème qui a été étudié depuis le début du 19ème siècle, notamment par Jean-Baptiste Lamarck (1772-1829) et Luke Howard (1772-1864). Ce sujet reçoit une nouvelle impulsion grâce à l’apparition de la photographie scientifique, une discipline pour laquelle Jean Vincent fait œuvre de pionnier.
1908
Jean Vincent succède à Albert Lancaster au poste de Directeur scientifique du Service Météorologique de l’Observatoire Royal de Belgique.
1910
La Société belge d’Astronomie reprend la publication de la revue « Ciel en Terre », en assurant sa pérennité. Cette dernière existe encore, et publie régulièrement des contributions tant d’amateurs que de professionnels en matière d’astronomie, de météorologie et de géophysique.
1911
Le service météorologique du Congo est réorganisé et finalisé, et dépend à présent de la Direction générale de l’Agriculture au sein du ministère des Colonies.
Gustave Smulders est désigné comme observateur météorologique à Elisabethville [Lubumbashi] qui vient d’être fondée. Avant son départ pour le Congo, il suit un stage au Service Météorologique de l’Observatoire Royal de Belgique, à Uccle.
1911-1912
La question de l’installation d’une station sismologique dans l’est du Congo, où les tremblements de terre sont fréquents, est discutée à la Chambre des Représentants en 1911. Elle sera finalement érigée en 1912 à Elisabethville, dans le Katanga, et devient opérationnelle dès la mi-novembre. Plusieurs secousses seront observées par Gustave Smulders.
1913
L’Arrêté Royal du 31 juillet 1913 divise l’Observatoire Royal de Belgique, situé à Uccle, en deux instituts autonomes :
- l'Observatoire Royal de Belgique (ORB);
- l'Institut Royal Météorologique de Belgique (IRMB).
Jean Vincent est le premier directeur de l’IRM. A l’exception de la sismologie et de la gravimétrie, qui restent dans le giron de l’ORB, toutes les disciplines relevant alors de la météorologie et de géophysique sont confiées à l’Institut Royal Météorologique. L’Arrêté Royal est publié au Moniteur belge le 31 août 1913.
L’IRM est placé sous la supervision d’un Conseil scientifique. Edouard Goedseels, qui occupait le poste d’administrateur-surveillant auprès de l’Observatoire Royal de Belgique, le devient aussi pour l’IRM. Toutefois, en vertu du nouveau règlement, son rôle est largement diminué. Lors de son départ en 1923, il ne sera pas remplacé.
1914
Albert Hermant (1882-1944) mène une campagne de mesure magnétique de la Belgique, en réalisant des mesures complètes des composantes du vecteur du champ magnétique terrestre sur 136 points du territoire. Cela permet de dresser, pour la première fois, des cartes reprenant les anomalies spatiales du champ magnétique sur l’ensemble du territoire.
1914-1918
Durant les quatre années de l’occupation allemande, les activités scientifiques de l’IRM sont pratiquement inexistantes. Les prévisions météorologiques sont interrompues dès le 19 août 1914.
1919
Durant la guerre, Jean Vincent ne publie pas l’Annuaire météorologique. Les annuaires de 1915 et 1916 paraissent seulement en 1919 ; ceux de 1917 et 1918 en 1920 tandis que ceux de 1919 et 1920 sont publiés en 1921. Les annuaires de 1916 à 1920 paraissent sous la responsabilité de Jules Jaumotte. L’Annuaire météorologique de 1920 est le dernier de la série.
En 1919, Jean Vincent atteint l’âge de la pension et c’est Jules Jaumotte (1887-1940) qui devient directeur de l’IRM. Durant la première guerre mondiale, Jules Jaumotte avait servi comme pilote dans l’armée, et il est un pionnier de la photographie aérienne.
Jules Jaumotte et Fernand Jacobs participent à la Conférence Internationale de Météorologie qui se déroule à Paris en septembre et octobre 1919, où Jaumotte fait la connaissance du météorologue norvégien Vilhelm Bjerknes (1862-1951). Cette rencontre ramène les prévisions météorologiques belges à un haut niveau, grâce à l’introduction des méthodes frontologiques norvégiennes. Jules Jaumotte est par ailleurs élu comme nouveau membre du « Comité Météorologique International (CMI) ».
Les participants à la Conférence Internationale de Météorologie, qui se tient à Paris en 1919. Jules Jaumotte se trouve tout à droite, en uniforme militaire, arborant ses décorations. Fernand Jacobs se trouve dans la troisième rangée, c’est le deuxième à droite.
Le 28 juillet 1919, la Belgique fonde avec huit autre pays l’ « Union Géodésique et Géophysique Internationale (UGGI) » à Bruxelles. Le « Comité National Belge de Géodésie et de Géophysique (CNBGG) » est créé juste après, en 1921. Le CNBGG joue un rôle important dans l’organisation de la IXème Assemblée Générale de l’IUGG en 1951, à Bruxelles ; et prend une part active dans l’Année Géophysique Internationale en 1957. Plusieurs membres de l’IRM auront une fonction de premier ordre dans l’une et l’autre institution.
1921
Sous la direction de Jules Jaumotte, la publication du « Bulletin météorologique quotidien » reprend le 11 juillet 1921. Du fait de la densité et l’étendue du réseau synoptique en Europe et dans l’Atlantique Nord – deux facteurs qui ont des effets immédiats sur les prévisions météorologiques -, le format d’avant-guerre de la carte doit être révisé.
Jules Jaumotte propose une projection Lambert à l’échelle 1 :10.000.000 entre les parallèles 35° et 70° Nord (élaboration de la carte : « Institut Cartographique Militaire ICM », 1921, J. Collet). Sur la carte, on représente également l’orographie (le relief des paysages) compte tenu de son importance pour les précipitations, les vents et la nébulosité. La carte sera modifiée par la suite, pour obtenir un format plus étendu et mieux adapté.
1924
Emile Vanderlinden publie son livre « Chronique des événements météorologiques en Belgique jusqu’en 1834 ». Le livre est une compilation d’informations climatologiques et, de ce fait, renferme une grande quantité de données. Toutefois, son travail est peu fiable en ce qui concerne les premières périodes, car l’auteur ne connait pas les principes de la critique historique.
1925
Alphonse Van den Broeck (1885-1964), adjoint-météorologue, publie en août 1925 « Le Bulletin du Temps de l'Institut Royal Météorologique de Belgique en 1925 ». Il s’agit du premier volume de la série des Mémoires, où il se réfère explicitement aux publications de l’école nordique.
Jules Jaumotte conçoit un météographe destiné à des sondages par avion.
1927
Le périodique « Voir et Lire » relate une visite passée à l’Institut Royal Météorologique.
1928
A Bruxelles, on fonde l’ « Institut Royal Colonial Belge » dont la compétence concerne alors uniquement le Congo belge. En 1954, il est rebaptisé « Académie Royale des Sciences Coloniales », avant de devenir l’ « Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer (ARSOM) » en 1959. Plusieurs membres de l’IRM joueront un rôle important au niveau de l’ARSOM.
1930
Un nouveau météographe, destiné aux sondages par ballon, est proposé par Jules Jaumotte.
1931
On fonde la « Commission météorologique congolaise », qui vise à rétablir le réseau climatologique au Congo et au Rwanda-Burundi, mis notamment à mal par les effets de la première guerre mondiale. Jules Jaumotte, Eugène Lagrange et R. Berce (Institut agronomique de l’Etat, Gembloux) jouent un rôle important dans cette Commission.
L’Arrêté ministériel du 17 septembre 1931, signé par Robert Petitjean (1887-1951), Ministre des Arts et des Sciences, établit la « Commission belge de l’Année polaire 1932-1933 ». Le Président de cette Commission est Eugène Lagrange et les membres sont : le Baron Adrien de Gerlache de Gomery, Marcel Dehalu, Jules Jaumotte, Edmond Leplae, Jean Maury, Generaal H.D. Séligmann, Oscar Somville, Paul Stroobant (directeur de l’Observatoire Royal de Belgique).
1932
Le professeur Auguste Piccard (1884-1962) et son assistant Paul Kipfer (1905-1980) sont sur le point d’entamer leur second voyage en ballon dans la stratosphère, sous un ciel radieux, lorsque Jules Jaumotte leur envoie une dépêche météorologique pour les informer de l’imminence d’un orage. Piccard interrompt les préparatifs de lancement et constate, dans les heures qui suivent, un violent orage qui éclate effectivement sur la zone de décollage. Le professeur Piccard est le personnage qui a inspiré Hergé dans la création du ‘professeur Tournesol’ pour ses bandes dessinées.
1932-1933
La Belgique prend part aux activités scientifiques de la Deuxième Année polaire internationale (API) 1932-1933. Des observations magnétiques sont effectuées dans ce cadre à Manhay, dans la province du Luxembourg ; et à Elisabethville, au Congo belge [Lubumbashi].
C’est Marcel Dehalu (1873-1960), administrateur-inspecteur de l’Université de Liège, qui installe la station magnétique de Manhay durant cette deuxième API. Jean-Louis Koenigsfeld (1908-1979), alors assistant à l’ULg, mènera pendant plus de 20 ans les observations à Manhay. A. Molle mène celles d’Elisabethville.
1933
On fonde à Bruxelles l’ « Institut National pour l'Étude agronomique du Congo Belge (INÉAC) », qui grandira jusqu’à devenir un centre scientifique fondamental dans les recherches agronomiques des régions tropicales. L’INÉAC organise également un réseau de stations climatologiques au Congo et dans les deux régions sous mandat belge, le Ruanda-Urundi ; qui évoluera après la seconde guerre mondiale, sous l’influence d’Etienne Bernard (1917-1998), vers un réseau éco-climatologique moderne.
Au siège central de l’INÉAC, à Bruxelles, un Bureau Climatologique est organisé sous la direction de Franz Bultot (1924-1995). Franz Bultot recense les données et les publie dans les bulletins climatologiques annuels. Ces données sont utilisées pour publier les quatre volumes de l’ « Atlas climatologique du Bassin Congolais/Zaïrois ».
1935
Pour la première fois en Belgique, on constate la présence de doryphores (Leptinotarsa decemlineata). Avec le concours d’écoliers et de soldats, on tente de chasser et exterminer les insectes. Les coléoptères étaient en fait apparus en 1922, amenés entre autres par les courants océaniques dans la région de Bordeaux. En 1938, ils occasionnent en Belgique des dégâts énormes, transportés par les vents chauds venus du Sud.
1939
L’Institut Royal Météorologique publie une brochure reprenant 20 photos de nuages du Baron Albert Jules de Dorlodot (1899-1975), avec un texte bilingue Néerlandais-Français pour aider les météorologues dans la reconnaissance des nuages.
1940
En 1939, l’Institut Royal Météorologique est mobilisé sous le nom de « Service météorologique des armées ». Après l’invasion allemande du 10 mai 1940, l’IRM se retire à la côte. Lors de la capitulation de l’Armée belge, le 28 mai, le personnel de l’IRM se trouve à la Panne. L’endroit est bombardé le matin du 1er juin, et le météorologue Henri Bemont (1900-1940) est mortellement blessé par un éclat d’obus. Il est transporté à l’hôpital Saint-Jean à Bruges où il décède le 2 juin 1940.
Le même jour, dans la soirée, Jules Jaumotte est grièvement blessé. Il est d’abord transporté à l’hôpital Saint-Jean à Bruges, puis transféré à l’hôpital « Les Deux-Alices » à Uccle, mais il décède suite à ses blessures le 6 juin 1940.
Désiré Anceau (1909-1940), observateur à la station climatologique à Doische, est abattu au cours de la Campagne des 18 jours.
Albert J.J. Toussaint (1909-1982), calculateur au Bureau du Temps de l’IRM à l’aéroport de Haren, s’enfuit le soir du 28 mai (le dernier jour de la campagne) depuis La Panne, en kayak, vers l'Angleterre. Les courants de mer le font dériver vers le port de Dunkerke qui est encore aux mains des anglais. Il est intercepté par un dragueur de mine anglais. A Londres, il se porte volontaire pour rejoindre les Services Spéciaux dont l’objectif est d’installer des stations météorologiques clandestines en Belgique. Il est parachuté au-dessus du Nord de la France la nuit du 23 au 24 août 1942. Il fonde le réseau ‘Beagle’, qui envoie à Londres des messages météorologiques codés sur une base quotidienne. Il est nommé major au Service de Renseignement et d'Action et, après la guerre, est décoré de la médaille du « Distinguished Service Order (DSO) ».
Sous la direction d’Alphonse Van den Broeck, les membres de l’IRM reviennent à Uccle. Le Bureau du Temps reste fermé, et son personnel est affecté aux autres services de l'Institut – ce qui permet notamment de créer un service Rayonnement. Le personnel comme la direction sont contraints de travailler sous la haute surveillance de l’occupant allemand.
A la climatologie, Lucien Poncelet (1902-1965) et Henri Martin, assistants à l’IRM, travaillent à la réalisation d’un Atlas climatologique de la Belgique, qui sera finalement publié en 1947. Selon une décision de l’Assemblée des directeurs de l’Organisation Météorologique Internationale (OMI), qui se tient à Varsovie en 1935, les études climatologiques doivent se baser sur les valeurs des observations de la période universelle et synchrone 1901-1930.
1941
Simon De Backer (1900-1985) réalise des observations météorologiques à Ounianga-Kebir et à Faya-Largeau dans le Nord du Tchad, afin de préparer les opérations militaires des Forces Françaises Libres (FFL) placées sous la direction du général Leclerc, alias Philippe de Hautecloque (1902-1947). Ils sont impliqués dans la prise de Koufra au sud-est de la Lybie (mars 1941) et la conquête de Fezzan (1942-1943).
1941-1944
Le Major Albert de Dorlodot est membre du cabinet de Camille Gutt (1884-171), ministre de la Défense nationale, sous le gouvernement Pierlot, alors en exil à Londres.
A sa demande, en 1944, l’astrophysicien Paul Ledoux (1914-1988) et Nérée Vander Elst (1911-1968) créent en 1944 au Congo belge un département météorologique pour le Congo belge et le Ruanda-Urundi.
La station centrale est située à Stanleyville [Kisangani]. Ce service sera ensuite rebaptisé « Service de Météorologie et de Géophysique ».
En 1944, à Londres, Albert de Dorlodot publie un atlas des nuages destiné au "Service des Télécommunications. Protection météorologique de l’aéronautique" du Congo belge.
1943
Alphonse Van den Broeck, directeur de l’IRM, signe le 11 mars 1943, en pleine période de guerre, une circulaire impliquant la création d’un réseau d’observations phénologiques. Ce réseau connaît un grand succès, et une cinquantaine d’observateurs s’inscrivent. Il reste actif jusqu’au milieu des années 70, où seuls cinq membres sont encore régulièrement impliqués.
Louis Gilbert, de Blanmont, est le seul qui poursuit des observations phénologiques détaillées encore aujourd’hui, bien qu’après s’être interrompu pendant une courte période.
Ces données seront plus tard intégrées au programme COST 725 et au projet « Pan European Phenology PEP725 ».
1943-1947-1948-1949
André Vandenplas publie des monographies sur les précipitations, la température, le rayonnement, la durée d’insolation, la nébulosité, et l’humidité de l’air au Congo. Ce sont des aperçus importants du climat du Congo et du Ruanda-Urundi, qui utilisent explicitement les mesures engendrées par les réseaux d’observation relancés dans les années 30.
1944
Odon Godart (1913-1996), conseiller en météorologie auprès du « Bomber Command » en Grande-Bretagne, joue un rôle dans la prévision météorologique et le choix final du Jour J pour le débarquement en Normandie du 6 juin 1944.
1944-1945
Lors de la libération, à l’automne 1944, l’IRM peut reprendre ses activités habituelles ; mais on retourne à un point de départ du fait de la perte de son équipement pendant la campagne de mai 1940. L’IRM peut toutefois compter sur la collaboration du Service Météo Britannique, et grâce à l’aide du service de prévisions de la « Royal Air Force », le personnel du Bureau du temps peut à nouveau s’exercer à faire des prévisions.
Une station de radiosondage est installée à Uccle et le 29 mars 1945, la première radiosonde KEW MK2 est lancée.
1946
A partir de 1946, Simon De Backer lance un programme d’observations micro-climatologiques. Dans le parc phénologique d’Uccle, on place des instruments qui enregistrent les températures au sol, à différentes profondeurs et dans différents types de sol. Entre 1959 et 1964, des hygromètres électroniques très sensibles sont installés pour évaluer l’humidité de l’air. Ces activités s’inscrivent dans le cadre d’un programme d’écologie botanique et d’écologie du sol, et sont ensuite rattachées à la section Bio-climatologie.
1946-1947
La Régie des Voies Aériennes (RVA), un organisme d'intérêt public du ministère des Transports, est fondée le 20 novembre 1946. Elle a pour tâche le contrôle du trafic aérien. En outre, en janvier 1947, on crée le Service météorologique de la Force Aérienne, sur base du Service météorologique de la défense qui s’était formé au sein de la section belge de la « Royal Air Force (RAF) ». Il s’installe à l’aérodrome d’Evere.
Le 21 décembre 1954, le Service Météorologique est reconnu comme « Corps », mais ce n’est qu’en 1966 qu’il prend le nom de Wing météorologique ou, en abrégé, Météo-Wing.
Le 25 août 1988, un Arrêté Royal fait de Belgocontrol une entreprise publique autonome, instaurée sur base de la précédente RVA. Belgocontrol reprend, entre autres, ses fonctions de contrôle du trafic aérien.
1948
Armand Pien (1920-2003) entame sa carrière à l’IRM, en tant que premier prévisionniste néerlandophone. Fin 1953, il se lance dans une carrière télévisuelle à l’Institut National de Radiodiffusion (INR), où il apporte pendant 37 ans le beau temps et l’IRM auprès des foyers flamands, par ces célèbres mots : « Ukkel verwacht… ». En 1975, il reçoit le prix Simon Stevin pour son travail de vulgarisation et diffusion de la météorologie, de l’astronomie et de l’exploration de l’espace.
Armand Pien (1920-2003), météorologue de l’IRM et présentateur du bulletin météo à la VRT pendant 37 ans.
1949
Louis Baes et Artémy S. Joukoff étudient la vitesse du vent en Belgique sur base des données de l’IRM. En particulier, ils réalisent un inventaire des tempêtes qui se sont accompagnées de tornades et destructions importantes. Cette information est utilisée pour évaluer l’impact du vent sur les constructions, en particulier les constructions hautes comme les lignes de haute tension, les antennes ou encore… l’Atomium !
1951
Le réseau pluviométrique de l’IRM est réorganisé. Le pluviomètre standard est le P50 ou le P100, en fonction de la hauteur potentielle de la neige. Ces pluviomètres sont équipés d’un cône de Nipher, permettant de réduire fortement l’influence du vent sur les mesures. Dans le parc climatologique d’Uccle, on réalise des mesures comparatives entre les différents types de pluviomètres utilisés en Europe.
C’est le début des mesures automatiques, toutes les demi-heures, du rayonnement global, direct et diffus à Uccle. Ces mesures forment la base de la carrière scientifique de Robert Dogniaux (1921-2014) qui, en tant que président de la commission de rayonnement de l’OMM, lance les comparaisons des mesures pyrhéliométriques internationales à Davos, en Suisse. Par la publication de plusieurs atlas solaires, il devient la référence européenne en termes d’énergie solaire. Le disque de calcul de rayonnement de Dogniaux est utilisé aujourd’hui encore pour déterminer le rendement des panneaux solaires en fonction de leur orientation.
Edmond Léon Lahaye (1897-1982) succède à Alphonse Van den Broeck au poste de directeur de l’IRM. Il est connu pour avoir fait construire, sous son directorat, un nouveau complexe à Uccle et le Centre de Physique du Globe à Dourbes, à Viroinval – dans la province de Namur.
En mars 1951, le Comité météorologique international (CMI) de l’Organisation météorologique internationale (OMI) tient à Paris sa neuvième et dernière session de la Conférence des directeurs. Le 17 mars 1951, l’organisation est officiellement dissoute pour céder la place, deux jours plus tard à l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
L’IRM déploie, depuis lors et jusqu’à ce jour, une activité importante au sein de l’OMM. Les Etats Membres sont répartis en 6 Associations Régionales (AR) et la Belgique fait partie de la 6ème région (ARVI Europe). De nombreux scientifiques de l’Institut ont une part active dans les diverses commissions de l’OMM, et plusieurs fonctions dirigeantes au sein de ces commissions ou groupes de travail sont assurées par des membres de l’IRM.
1952-1957
Sur la période 1952-1957, au départ de la station de Dourbes, Edmond Lahaye, Jean-Louis Koenigsfeld, André-Pierre De Vuyst et Edmond Hoge établissent un « Nouveau levé magnétique de la Belgique ».
1955
A partir de décembre 1955, l’IRM met en place un programme d’observations de la composition chimique de l’air et des précipitations, en collaboration avec le Laboratoire de Chimie et Physique de l’Institut d’Hygiène et d’Epidémiologie. Le réseau comprend 5 stations : Saint-André les Bruges, Uccle, Dourbes, Trivières et Botrange. Les résultats de ces mesures sont régulièrement publiés dans la revue « Tellus ».
1956
Les mesures du champ magnétique à Uccle sont sérieusement perturbées par les courants électriques émanant du tramway, ce qui contraint Edmond Lahaye à chercher un nouvel endroit plus approprié afin d’assurer la continuité des données. En 1948, on avait démarré la construction d’un nouvel observatoire magnétique à Dourbes, pour remplacer celui d’Uccle dès 1952. Le Centre de Physique du Globe à Dourbes (Viroinval) est finalement inauguré le 26 juin 1956.
1957
L’IRM publie le livre « Eléments de météorologie » sous l’égide de la « Société belge d’Astronomie, de Météorologie et de Physique du Globe ». Les textes sont rédigés par Pierre Defrise, Alphonse Descamps, Louis Dufour, Jules Grandjean, Louis Malet, Marcel Nicolet et Lucien Poncelet, membres du personnel scientifique de l’IRM. L’introduction est écrite par le directeur, Edmond Lahaye. Le livre vise à octroyer à un large public une connaissance générale de la météorologie, mais aussi de la géophysique, et à encourager l’exploration de ces thèmes.
A Uccle et à Dourbes, on démarre les mesures journalières de la radioactivité artificielle atmosphérique, en collaboration avec le Centre d’Etude de l’Energie Nucléaire (CEN) à Mol, la Force Aérienne à Kleine-Brogel, et l’Institut d’Hygiène et d’Épidémiologie à Ixelles. L’objectif principal de ces mesures est d’étudier la dispersion des particules de poussière radioactive, consécutive aux essais nucléaires en surface. En 1961, ces mesures de l’IRM sont complétées par des mesures de la radioactivité artificielle dans les précipitations.
1957-1958
La Belgique participe activement à l’ Année géophysique internationale (AGI) qui se déroule du 1 juillet 1957 au 31 décembre 1958. L’AGI s'inspire des Années polaires internationales (API), qui s’étaient tenues en 1882-1883 et 1932-1933. Marcel Nicolet (1912-1996) est choisi comme secrétaire général de l’IGY alors que Jacques Van Mieghem y représente l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM).
Le bâtiment B de l’IRM, conçu pour l’Année géophysique internationale (AGI). A l’origine, le premier étage abrite seulement une terrasse. Il sera ensuite comblé avec du préfabriqué. Le bâtiment a d’abord hébergé le service de rayonnement de l’IRM, ensuite l’Institut Aéronomie Spatiale en attendant que ses propres bâtiments soient construits.
A l’occasion de l’Année géophysique internationale en 1957, le Centre de Géohysique à Dourbes lance une série d’observations du profil vertical de l’ionosphère par sondage radio-électrique (une sonde analogique et un enregistrement photographique via un oscilloscope cathodique). De plus, on installe à Dourbes un monitor standard à neutrons afin de mesurer le flux des rayonnements cosmiques.
1957-2007
Par la suite, une série de radars météorologiques et de « Wind-finding radars » sont rendus opérationnels à l’IRM :
un Metox-radiothéodolite (du 1er janvier 1952 au 31 août 1958) ;
un DECCA WF1 windfinding radar de bande X (3.2 cm) (du 1er septembre 1958 au 3 juillet 1963) ;
un GMD américain (Ground Meteorological Device) radiothéodolite pour les radiosondages avec des sondes d’ozone ;
un SELENIA 200 RTM1L ‘windfinding’ radar de bande C météorologique (5.7 cm) (du 4 juillet 1963 au 31 décembre 1979) ;
un radar EEC ‘windfinding’ de bande X (3.2 cm) (du 1 janvier 1980 au 31 décembre 1989) ;
un Navaid–Omega (à partir du 1 janvier 1990) pour le positionnement des radiosondes Vaisala RS80 ;
un LORAN-C pour la position des radiosondes Vaisala RS80 et RS90 ;
un GPS pour la position des radiosondes Vaisala RS92 (à partir du 1er septembre 2007).
1958
Le 1er janvier 1958, Jef Turf entre en service à l’IRM. Il est chargé de mesurer la radioactivité de l’air, en vue de la préparation d’un doctorat en physique. C’est une période où de nombreux essais nucléaires aériens sont réalisés, augmentant considérablement le niveau de radioactivité de l’air.
Dans le même esprit que Linus Carl Pauling (1901-1994), lauréat du prix Nobel de chimie (1954) et du prix Nobel de la paix (1962), Jef Turf est confronté à un dilemme : garder ces informations confidentielles, conformément au règlement ; ou les divulguer en raison de leur impact sur la santé de la population. Il finit par demander la démission honorable de sa fonction à l’IRM, à partir du 1er septembre 1963.
Le 7 mai 1958, à Uccle, on inaugure le complexe de bâtiments E. On y installe, entre autres, l’ordinateur IBM-7070 ainsi que le Bureau du Temps.
1960, 1962, 1964 en 1968
Sous l’impulsion de Jacques Van Mieghem, Pierre Defrise (1913-1985) et surtout de Jacques Van Isacker (1922-1988), on travaille à l’introduction des « Prévisions météorologiques numériques » à l’IRM. Grâce à l’installation de l’ordinateur IBM-7070, il est possible de rendre ces prévisions numériques opérationnelles et quotidiennes dès janvier 1962. A l’origine, le modèle barotrope, conçu par Jacques Van Isacker, est utilisé et le sera également par d’autres instituts météorologiques européens. Il évolue petit à petit vers des modèles plus sophistiqués dits « barocline », grâce auxquels les mouvements de l’atmosphère sont approchés de manière plus réaliste. Cela augmente la fiabilité des prévisions, de même que leur période de validité.
Dans le même temps, l’IRM suit l’évolution de l’informatique en s’équipant de nouveaux ordinateurs plus performants (un IBM-7040 en 1964 et un IBM-360/44 en 1968).
Plus tard, le Centre européen de prévisions météorologiques à moyen terme est créé à Reading, en Grande-Bretagne (« European Center for Middle-Range Weather Forecasting – ECMWF ») et l’expertise de Jacques Van Isacker est mise à contribution.
Plus tard, lorsque le Centre de Prévisions à Moyen terme est installé à Reading en Grande Bretagne ("European Centre for Middle-Range Weather Forecasting – ECMWF"), l'expertise de Jacques Van Isacker y sera mise à contribution.
1960
Jacques Van Mieghem (1905-1980) est lauréat du prix annuel de l’OMI, dont le nom provient de l’Organisation Météorologique Internationale (OMI) ayant précédé l’OMM.
Le 1er janvier 1960, le premier satellite météorologique TIROS 1 (« Television Infrared Observation Satellites ») est lancé depuis le Cap Canaveral en Floride, aux Etats-Unis, sur une orbite quasi-circulaire. Il n’est opérationnel que 78 jours durant, mais démontre l’importance des photos satellitaires capables de localiser les masses nuageuses. Il sera rapidement suivi par le lancement de TIROS II le 11 novembre 1960.
1962
Jacques Van Mieghem succède à Edmond Lahaye en tant que directeur de l’Institut Royal Météorologique.
Le 7 avril 1962, le Centre de Calcul de l’IRM est inauguré à Uccle.
Etienne Bernard (1917-1998) propose une théorie sur les pluviales et interpluviales dans le Quaternaire en Afrique, sur base de la théorie astronomique de Milutin Milankovitch à propos des paléoclimats.
1963
André De Vuyst (1925-1981) publie la carte des anomalies magnétiques en Belgique.
L’IRM commémore son cinquantième anniversaire en tant qu’institution autonome et tient une séance académique le 5 novembre 1963 au siège de l’Institut.
A l’initiative de l’IRM et grâce au soutien financier de l’UNESCO, un groupe de scientifiques d’Afrique reçoit une formation sur les techniques d’observation du champ magnétique terrestre, requérant l’utilisation de déclinomètres, de balances magnétiques, et de magnétomètres horizontaux à quartz.
Edmond Lahaye participe à un séminaire qui dure une semaine, du 18 au 23 novembre 1963 (la semaine où John F. Kennedy est assassiné aux Etats-Unis). Ce séminaire marque une étape importante dans la collaboration internationale entre Dourbes et d’autres pays dans le monde, au niveau de la mise en place et l’amélioration des observatoires magnétiques.
1964
L’Institut d’Aéronomie Spatiale de Belgique (IASB) est fondé, avec Marcel Nicolet comme premier directeur.
1964-1965
Les années 1964 et 1965 sont appelées « International Years of the Quiet Sun (IQSY) ». Durant ces années, se tient une collaboration scientifique internationale organisée par l'International Council of Scientific Unions (ICSU) à laquelle la Belgique prend part. Marcel Nicolet siège au sein du comité international pour l’aérologie. Son but est d’étudier le soleil et ses effets sur la Terre et sur les planètes durant le minium de 11 ans du cycle solaire.
A Dourbes, on prévoit d’installer un moniteur à rayons plus grand et extrêmement précis afin de mesurer les rayons cosmiques. Les observations magnétiques et ionosphériques, de même que celles du rayonnement cosmique qui sont effectuées à Dourbes, contribuent à la collaboration internationale dans le cadre de l’IQSY.
1965
A l’invitation du gouvernement belge, la 4ème session de la Commission d'Aérologie (CAe) » de l’OMM se tient à Bruxelles, au palais des Congrès, du 6 au 20 juillet 1965. Les participants sont accueillis par le directeur de l’IRM, Jacques Van Mieghem, tandis que d’autres scientifiques de l’Institut comme Pierre Defrise, Louis Dufour, ou Jacques Van Isacker qui y jouent un rôle important.
A l’IRM, en prélude à la Commission, se tient un symposium de l’OMM les 3 et 5 juillet 1965 : « OMM/IUCC Symposium on Meteorological Data Processing ». Joseph Smagorinsky (1924-2005), de la NOAA de l’Université de Princeton, en est le président.
L’arrêté Royal du 21 avril 1965 et la Décision ministérielle du 10 janvier 1967 dotent l’IRM d’une direction générale scientifique et administrative (secrétariat, bâtiments et domaine, personnel et inventaire) ainsi que de cinq départements (Climatologie, Aérométrie, Aérologie, Météorologie appliquée et Géophysique interne). Ils comprennent onze sections dont deux sont autonomes (Calcul numérique et Géophysique externe). Plus tard, on y joint le Groupe « Diffusion et pollution de l’air ». Dans chaque département, on met sur pied des divisions scientifiques ainsi que des services publiques et généraux comme les données climatiques, les services éducatifs, les prévisions météorologiques, les avertissements météorologiques, les prévisions ionosphériques…
Jacques Van Mieghem fonde à l’IRM une section « Hydrologie », dont la tâche principale est l’étude du cycle de l’eau, déterminé par les interactions entre l’atmosphère et le sol. Franz Bultot (1924-1995) dirige la section, assisté par Gérard-Louis Dupriez, chef de travaux, et par Jean Dumoulin (1929-2004), calculateur. Sous la protection du Commissariat Royal au Problème de l’Eau, présidé par le lieutenant-général Albert Crahay (1903-1991), la section Hydrologie joue un rôle important dans la collecte, la validation et l’archivage des données hydrologiques belges et dans la publication de l’Annuaire Hydrologique de Belgique (de 1966 à 1982). Cette activité cessera en 1983, lorsque l’hydrologie devient une compétence régionalisée.
Les premières mesures régulières paléomagnétiques ou les mesures indirectes du champ magnétique du passé sont réalisées depuis l’ouverture de la section Magnétodynamique et Paléomagnétisme. Cette section est fondée sous l’impulsion d’André De Vuyst, au moment où sont introduits les concepts de tectonique des plaques, de dérive des continents et d’inversion du champ magnétique. La recherche se concentre principalement sur les dépôts quaternaires, les témoins des changements climatiques dans le passé, et les dépôts de Loess de la faille continentale dans laquelle la rupture entre les périodes glaciaires et interglaciaires est très marquée.
1966-1969
En 1966, sous le directorat de Jacques Van Mieghem, l’IRM commence à effectuer des sondages d’ozone. Ils deviennent réguliers dès le 1er janvier 1969. Ils se font trois fois par semaine (lundi, mercredi et vendredi) – et ne connaissent que quelques interruptions dans les années 80. Les séries homogénéisées de ces sondages d’ozone de l'IRM sont parmi les plus longues au monde et ont une grande valeur scientifique.
1966
En 1966, un nouveau magnétomètre équipé d’un enregistreur digital des données, nommé ASMO, est installé à l’observatoire magnétique de Dourbes. L’instrument, basé sur un magnétomètre scalaire, a été capable de mesurer les trois composantes du champ magnétique terrestre. Les données sont enregistrées toutes les dix secondes sur une bande magnétique, avec une résolution de 200 bpi (octets par pouce). A notre connaissance, il s’agit du premier enregistreur automatique digital et continu au monde.
1966-1967
Franz Bultot développe un réseau de stations hydrométéorologiques sur le territoire belge. Celui-ci comprend des stations pluviographiques mais aussi des stations plus complètes, permettant la mesure d’un ensemble de variables météorologiques classiques et des flux radiatifs. Ce réseau complète l’ensemble des stations climatologiques classiques, où les observations se font manuellement.
Ces stations hydrométéorologiques enregistrent des séries de mesures sur du papier, qui sont ensuite digitalisées grâce à un instrument spécialement conçu par la société ‘Macq’. Il s’agit du précurseur des stations météorologiques automatiques. Le ‘Macq’ sera ensuite ajusté aux nouvelles normes d’informatique.
A la fin des années 70, un certain nombre de ces stations sont rendues semi-automatiques. Les observations sont enregistrées sur des cassettes, dont la bande magnétique est lue par un lecteur et envoyée directement à l’ordinateur central de la banque de données hydrométéorologiques. Ce matériel atteint toutefois sa limite de fonctionnement dans les années 90, et le service se tourne à nouveau vers des pluviographes classiques. A son âge d’or, le réseau hydrométéorologique comportait une quarantaine de stations sur tout le territoire, principalement en Wallonie.
1968
La station de réception « Automatic Picture Transmission (APT) », pour les images satellites analogiques de basse résolution, est rendue opérationnelle pour le satellite polaire NOAA.
André De Vuyst et J. Pohl transcrivent la distribution du champ magnétique terrestre au-dessus du Grand-Duché du Luxembourg, enregistrée en juillet 1968 dans le cadre de la « World Magnetic Survey » (1957-1969).
1969
A Dourbes, un supermoniteur à neutrons, le 9-NM-64, est mis en service. Il permet de mesurer le flux des rayonnements cosmiques. Les résultats, corrigés par la pression atmosphérique, sont publiés dans le bulletin mensuel : 'Observations ionosphériques et du rayonnement cosmique' qui est envoyé dans tous les centres spécialisés du monde.
1970
Le 1er novembre 1970, Jacques Van Mieghem prend sa pension et est remplacé par Louis Dufour (1909-1985) qui devient directeur a.i. pour la période du 1er janvier 1971 au 31 octobre 1971. C’est alors André Vandenplas (1913-1991) qui est nommé directeur le 1er novembre de la même année.
L’Arrêté Royal du 8 décembre 1970 instaure le Conseil Scientifique de l’Institut Royal Météorologique. Ce Conseil est composé du directeur de l’IRM, membre d’office, de trois membres des fonctions dirigeantes et de trois scientifiques choisis en-dehors de l’institution.
En 1970, le Conseil Scientifique regroupe le directeur de l’institut ; et en outre Franz Bultot, Paul Defrise et André De Vuyst (membres des fonctions dirigeantes) ; et Marc de Hemptinne (Université Catholique de Louvain), Paul Janssens (Vrij Universiteit Brussel), Marcel Migeotte (Université de l’Etat à Liège) et Marc Van Wormhoudt (Rijksuniversiteit Gent).
En 1990, la présidence du Conseil Scientifique est proposée à Victor Tonnard (Faculté des Sciences Agronomiques de Gembloux et la Fondation Universitaire Luxembourgeoise) qui l’occupe jusqu’au 1er août 1993. Il est ensuite remplacé par Auguste Meessen (Université Catholique de Louvain-la-Neuve), puis Christian Bouquegneau (Faculté Polytechnique de Mons).
1971
A Hastière, dans la province de Namur et plus précisément aux confluents de la Meuse et du Hermeton, un terrain est acquis pour la recherche bioclimatologique. Les études scientifiques qui y sont menées par Paul Lelouchier (1932-1992) et André Vandenplas portent sur la topo-climatologie, la micro-climatologie et l’écologie végétale du site.
Le spectromètre de Dobson, qui avait été utilisé de façon sporadique à Uccle, est rénové et utilisé pour effectuer des mesures quotidiennes de la colonne d’ozone. Couplées à celles qui sont prises par le ballon-sonde, ces mesures permettent de suivre l’évolution de la concentration d’ozone dans nos régions. La couche d’ozone peut être affectée par certains composants gazeux, en particulier les CFCs (chlorofluocarbures) de provenance de bombes aérosols et de gaz réfrigérants de vieux réfrigérateurs.
Au Centre de Géophysique de Dourbes, pour la première fois en Europe, on installe un sondeur ionosphérique digital : la digisonde 128 de l’University of Massachusetts Lowell. Cela se fait grâce à l’intervention de Lucien Bossy (1918-1996).
André De Vuyst publie une brochure informative sur le champ magnétique terrestre, au vu du développement rapide et important de cette matière.
1972
La direction du Conseil Scientifique de l’IRM soumet au ministre de l’Education nationale un projet de restructuration en trois phases : (a) immédiate, (b) à moyen terme, et (c) à plus long terme. Ce projet prend en compte l’évolution rapide des différentes disciplines scientifiques tombant dans le champ de compétences de l’Institut, comme l’hydrologie, la chimie et la radioactivité. Il est également noté que les sections autonomes comme la Géophysique externe et le Calcul numérique, ainsi que l’Hydrologie ont atteint la taille d’un département. Mais le projet reste lettre morte au ministère.
1972-1973
La section Hydrologie met en place une station hydrométéorologique semi-automatique pour son réseau, qui fonctionnera jusqu’à la fin des années 80.
1973
Le 11 octobre 1973, la Belgique et d'autres Etats Membres signent à Bruxelles une convention qui prévoit la création du Centre européen de prévision météorologique à moyen terme (CEPMMT). Bien que la convention soit signée en 1973, il faut attendre 1975 pour que le Centre lance ses activités et s'installe à Reading, au Royaume-Uni. Il trouve son origine dans le groupe COST (European Cooperation in Science and Technology).
Au cours de la première réunion du Centre, qui se tient à Londres du 4 au 6 novembre 1975, A.C. Wiin-Nielsen est choisi comme directeur. M. Deloz, directeur administratif de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de l’Education scientifique, représente la Belgique au Conseil alors que Jacques Van Isacker devient membre du « Scientific Advisory Committee ».
En 1973, André Berger, professeur à l’Université de Louvain-la-Neuve, défend sa thèse de doctorat. Il s’agit d’un travail innovant dans le champ de la théorie astronomique, se basant sur la théorie des paléoclimats (nommée comme son auteur, Milankovitch). En particulier, il calcule les cycles des paramètres astronomiques de l’orbite de la Terre.
1973 est aussi l’année du centenaire de la création de l’Organisation Météorologique Internationale (OMI/IMA).
1974
Dans le département Aérométrie, on instaure le Groupe autonome « Diffusion et Pollution de l’air » afin de répondre aux préoccupations croissantes concernant le contrôle de la qualité de l’air. Ce groupe reçoit la mission d’instituer une banque de données NDPC (“National Data Processing Centre”, banque de données Met). A l’initiative du Ministère de la Santé, en collaboration avec l’Institut d’Hygiène et d’Epidémiologie, du Centre d’Etude de l’Energie Nucléaire (CEN) de Mol et du ministère des Travaux publics, on installe un réseau automatique et télécommandé d’environ 90 stations dans les 5 plus grandes agglomérations du pays (Anvers, Bruxelles, Charleroi, Gand et Liège). Toutes les demi-heures, des observations sont envoyées vers le NDPC où elles sont validées et exploitées. Des modèles de prévision de la pollution de l’air sont développés et utilisés afin de créer des alertes en cas d’épisode de pollution.
Alfred Quinet est lauréat du prix de l’OMM pour les jeunes chercheurs.
1975
Dans la série « Note technique No. 143 » de l’OMM, Raymond Sneyers, climatologue et statisticien, publie le livre « Sur l’analyse statistique des séries d’observation ». Cet ouvrage sera traduit en anglais et en espagnol, et devient une référence pour l’application de techniques statistiques en climatologie.
1976
Franz Bultot (1924-1995) et Gérard Louis Dupriez, de la section Hydrologie, publient dans le ‘Journal of Hydrology’ un premier article proposant un modèle hydrologique conceptuel, permettant d’estimer les débits quotidiens.Cet article les place au niveau des meilleurs chercheurs mondiaux dans ce domaine. Le modèle est appliqué sur les principaux bassins fluviaux du pays, et sera ultérieurement utilisé dans les études d’impact de ‘global change’ en Belgique, en Suisse, et au Kenya.
Le modèle hydrologique actuel est appelé SCHEME, pour SCHElde et MEuse, et s’est développé sur base du premier modèle conceptuel de l’IRMB (Integrated Rainfall runoff Model Bultot).
En mars 1976, une convention est signée entre l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et la section Coopération multilatérale de la Coopération Belge au Développement, issue du ministère des affaires étrangères. Cette convention porte sur le renforcement des services agro-météorologiques et hydrologiques au Sahel, le soutien à la production alimentaire, la lutte contre la désertification et la formation professionnelle en agro-météorologie.
Raymond Sneyers, en collaboration avec Liliane Frappez, mène une étude hydro-climatologiquedans les pays du Sahel, en accordant une attention particulière à la précipitation dans les années 1971, 1972 et 1973. Ces années ont été marquées par un déficit hydrologique sévère dans les pays du Sahel et sont les prémices d’une sécheresse importante dans la région. Une banque de données climatologique et hydrologique des Etats-Membres du « Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS) » est constituée.
A l’initiative d’Etienne Bernard, on fonde une filière d’agro-météorologie à la « Fondation Universitaire Luxembourgeoise (FUL) » à Arlon.
La station de réception « High Resolution Picture Transmission (HRPT) », pour les images digitales à haute résolution du satellite polaire NOAA, est rendue opérationnelle.
1977
Du 15 au 17 septembre 1977, l’IRM organise à Bruxelles la réunion du Groupe de travail d'hydrologie qui dépend de l'Association Régionale VI (AR VI) de l’OMM.
L’IRM, et plus particulièrement la section Hydrologie, organise à Bruxelles, du 19 au 23 septembre 1977, la seconde réunion UNESCO-OMM sur les problèmes hydrologiques en Europe. Cette conférence, pour laquelle Franz Bultot est choisi comme président, s’inscrit dans le cadre de la Phase I du Programme Hydrologique International (PHI) de l’UNESCO et succède à la Décennie Hydrologique Internationale (DHI) – (1965-1975).
Le 9 décembre 1977, le premier satellite européen Meteosat-1 est lancé. « Meteosat First Generation » est une série de satellites géostationnaires en orbite à 36.000 km d’altitude au-dessus de l’Equateur, surtout opérationnels pour l’Europe et l’Afrique. Quelques mois après le lancement de Meteosat I, on met en place à l’IRM les mesures nécessaires afin de récolter les données du nouveau satellite. La station de réception « Secondary Data User Station (SDUS) » pour les images digitales satellitaires à basse résolution de « Meteosat First Generation » est opérationnel en 1979.
Dès le début; les satellites météorologiques permettent de récolter des informations utiles. Avec le développement des technologies, ils fourniront de nombreux produits fondamentaux pour les prévisions météorologiques et l’étude du climat. Aujourd’hui, nous sommes desservis par les satellites de seconde génération, « Meteosat Second Generation (MSG) ». Autour de 2015, on prévoit lancement des satellites « Meteosat Third Generation (MTG) ».
Les trois institutions du plateau d’Uccle (l’ORB, l’IRM et l’IASB) décident d’unir leurs moyens pour installer un Centre de Calcul commun.
1978
En 1978, on installe sur le plateau d’Uccle l’ordinateur UNIVAC-1140, qui sera remplacé par le modèle UNIVAC-1190 en 1982.
1979
L’IRM participe aux activités du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) à Reading, au Royaume-Uni. Les premières prévisions à moyen terme en temps réel sont effectuées à partir de juin 1979, mais il faut attendre le mois d’août 1979 pour qu’elles deviennent opérationnelles. Le modèle utilisé est un modèle à points de grilles, avec 15 niveaux verticaux et une longueur de maille de 200 km.
André Vandenplas, directeur de l’IRM, prend sa retraite le 1 janvier 1979. Raymond Sneyers (1918-2006), alors chef du département de la climatologie, devient directeur a.i. le même jour et restera à cette place jusqu’en 1983, où Alfred Quinet le remplace - toujours en tant que directeur a.i.
1980-1990
Dans les années 80 et 90, une certaine inquiétude grandit dans le monde entier, du fait de l’amincissement de la couche d’ozone et de l’augmentation du rayonnement UV en surface qui en découle. On l’attribue à l’utilisation de gaz propulseurs.
L’IRM dispose d’une longue série de mesures de l’épaisseur de l’ozone et de sa distribution verticale dans l’atmosphère, qui s’avère très précieuse. Grâce à son expérience en la matière, l’IRM peut jouer un rôle important dans les discussions sur l’épuisement potentiel de la couche d’ozone. Il aide à la quantification des effets instrumentaux des mesures d’ozone, et contribue à la fourniture d’analyses de tendances de la couche d’ozone dans les latitudes moyennes.
1981-1989
L’IRM participe à la recherche concernant l’Atlas du vent européen, commandé par la Commission des Communautés Européennes afin de promouvoir le marché de la production éolienne d’électricité.
1981
Les premières datations archéomagnétiques, réalisées « in situ » dans des structures cuites et brûlées de fouilles archéologiques en Belgique, sont publiées.
Un laser à argon est acquis par le laboratoire, afin d’aider à la construction du radiomètre SOLCON-1, qui volera sur Spacelab. Il s’ajoute à une série d’autres instruments de calibration.
1982
Les 13 et 14 mai 1982, à l’occasion de 25ème anniversaire de la station ionosphérique à Dourbes, on organise à Bruxelles et à Dourbes un séminaire international.
1983
Le premier vol spatial du radiomètre SOLCON (Solar Constant) sur Spacelab, conçu par Dominique Crommelynck, est organisé. Cet instrument vise à mesurer la constante solaire. Précédemment, 2 radiomètres de référence ont été pris en compte au sein du « World Standard Group » de l’OMM à Davos, en Suisse. Au cours des vingt années qui suivront, différents instruments seront développés à l’IRM, puis mis à bord d’engins spatiaux.
L’achat d’un spectrophotomètre Brewer permet de mesurer de façon automatique l’épaisseur de la couche d’ozone dans l’atmosphère ainsi que l’intensité des rayons UV-B.
Dans le cadre du Programme hydrologique opérationnel de l’OMM, on présente le Système Hydrologique Opérationnel à Fins Multiples (SHOFM) en tant que système permettant le transfert de technologies en hydrologie et ressources hydriques. Franz Bultot prend une part active dans la phase pilote du projet et est responsable du Centre national belge du SHOFM.
Dans le cadre de la coopération technique et grâce au financement d’un Fonds d’affectation belge de l’OMM, le projet SHOFM-micro est lancé. Ce projet adapte le logiciel hydrologique existant de la section Hydrologie, l’applique à un micro-ordinateur et le rend disponible pour SHOFM. Sur plus de 300 composantes, la composante belge G06.3.01, qui travaille sur la structure et la composition d’une base de données hydrologiques, sera la plus demandée de par le monde. Chaque composante SHOFM belge est accompagnée d’un manuel en français et en anglais.
Le 21 avril 1983, le CEPMMT à Reading introduit un nouveau modèle, le modèle spectral T63 (ce qui signifie une présentation spectrale horizontale avec une troncature au nombre d’ondes 63) à 16 niveaux verticaux. Ce modèle implique une nouvelle ère pour les centres de prévision nationaux, qui disposent désormais d’un horizon de prévisions numériques sur 5 jours. Les progrès constants des modèles et de la capacité de calcul du centre permettent une amélioration des prévisions météorologiques, qui valent également pour le bureau du temps de l’IRM. Une étape importante est le développement de l'« Ensemble Prediction System (EPS) », qui pousse le modèle utilisé, en augmentant le nombre de membres et la ligne d’horizon de prédiction de manière significative. Depuis 2011, le Bureau du Temps de l’IRM fournit des prévisions pour 8 jours et une tendance pour 14 jours.
1984
Le premier atlas de rayonnement solaire est publié par la Commission européenne. L’IRM a assuré, sous la direction de Robert Dogniaux, la collecte, le traitement et la gestion de toutes les données de rayonnement nécessaires à la publication.
1985
Une période importante de pollution touche la Belgique. Son début comme sa fin ont été prévus par la groupe « Diffusion et Pollution de l’air » de l’IRM. Suite à la régionalisation des compétences liées à la qualité de l’air, ce groupe cesse ses activités.
En 1985, quasi tous les Etablissements scientifiques fédéraux (ESF) sont sans directeur, mais ils seront finalement nommés sous la pression de SAR le roi Baudoin I. Dans le cadre de la réforme Copernic sur les ESF, Henri Malcorps est ainsi nommé directeur de l’IRM et restera à cette position jusque fin décembre 2010.
Il avait rejoint l’IRM en 1968, en tant qu’assistant scientifique. Il initie et réalise une importante réforme structurelle de l’institut, insufflant des idées de gestion moderne qui lui viennent notamment de la Vlerick Management School. Durant son mandat, Henri Malcorps met également l’accent sur la représentation internationale de la Belgique. Outre le poste de délégué principal au congrès quadriennal de l’OMM, il dispose des étiquettes suivantes :
- Président du Conseil de gestion du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) à Reading, de décembre 1991 à décembre 1994 ;
- Co-président du Comité de Travail A au 12ème Congrès de l’OMM à Genève, du 30 mai au 21 juin 1995 ;
- Président du Conseil de gestion d’EUMETSAT de juin 1998 à août 2002
L’année est marquée par d’importants changements dans le personnel dirigeant, puisque que l’Arrêté Royal 275 permet de régulariser les postes de chacune des fonctions de cadre, d’engager 8 collaborateurs scientifiques et 3 membres du personnel auxiliaire. En termes de ressources matérielles et au niveau de l’équipement de l’établissement, toutefois, aucune amélioration ne peut être prévue du fait d’un manque de fonds, ce qui accroît le retard technologique de l’institut.
Une nouvelle sonde ionosphérique, la Digisonde 256 de l’Université de Massachusetts Lowell, permet de disposer de résultats en temps quasi-réel directement accessibles sur le web.
La Commission européenne lance une étude sur les microclimats radiatifs de l’Europe. L’IRM installe un réseau innovant de 10 stations dans la région de Bruxelles-capitale, afin d’étudier les effets de l’environnement urbain sur les sources d’énergie.
1986
Création d’EUMETSAT, l’Organisation européenne pour l’exploitation des satellites météorologiques. Sa mission principale est la livraison d’images et de données ayant trait au temps et au climat. Ces informations sont délivrées aux Services nationaux météorologiques des pays membres du réseau, soit l’IRM pour la Belgique.
Après la première annonce dans le monde d’un accident survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl, l’IRM à Uccle et à Dourbes réalise des mesures de radioactivité plus fréquentes. Directement après l’échantillonnage, des mesures supplémentaires sont effectuées et sont de suite communiquées aux instances compétentes. Le matin du 1er mai 1986, aussi bien à Uccle qu’à Dourbes, une montée brusque et intense de la radioactivité dans les particules fines de l’air a été mesurée. Le groupe « Diffusion et Pollution de l’air » modélisera la trajectoire de la masse d’air radioactive au-dessus de l’Europe.
Les 1er et 2 mai 1986, les moyennes journalières (de 7 :30 à 7 :30 UT) de l’activité béta globale des particules de poussière dans l’air atteignent des valeurs de 20 à 22 Bq/m3 (mesures prises immédiatement après le prélèvement). En raison des mesures fréquentes, on peut constater dès le 2 mai que le niveau de radioactivité est retourné à une quasi-normale.
Les premiers résultats magnétostratigraphiques en Belgique sont publiés. Ils donnent la direction et l’intensité des profils du champ magnétique terrestre ainsi que les profils des propriétés magnétiques des roches du Pléistocène supérieur (de 0,26 à 0,012 million d’années), des dépôts lœss et de l’Holocène, qui sont de bons indicateurs des paléoclimats.
1987
L’Arrêté Royal du 31 décembre 1986 octroie l’autonomie de gestion à l’IRM, lui permettant de disposer plus efficacement des ressources humaines et financières. Cette autonomie, bien que relative, permet à la direction et au personnel de prendre plus d’initiatives et de réagir plus rapidement face aux besoins du public et des utilisateurs de l’information météorologique.
1988
Le modèle hydrologique conceptuel de Franz Bultot et Gérard L. Dupriez est utilisé pour évaluer l’impact d’un dédoublement de la concentration de CO2 dans l’atmosphère sur le bilan hydrique d’un bassin versant. La publication de Bultot, Dupriez et Gellens dans la revue internationale « Climatic Change » est l’une des premières au monde à aborder cette thématique. Lors de la conférence « WMO Conference on Climate and Water » qui se déroule à Helsinki (Finlande) en septembre 1989, une nouvelle étude couvrant ce sujet est présentée.
1989
Dans le Centre de calcul commun du plateau d’Uccle, des ordinateurs APOLLO sont installés, et seront remplacés ensuite par du matériel Hewlett Packard. Afin de permettre l’accès à cette infrastructure informatique à tous les utilisateurs (interne et externe), un réseau local de télécom est installé.
En 1994-1995, ces ordinateurs sont remplacés par des serveurs-HP plus modernes, ainsi qu’un super-ordinateur CRAY à calcul intensif. La mise à jour de ce matériel se poursuivra en 1999-2000, notamment par l’installation de serveurs HP et d’un ordinateur graphique Silicon.
Dans le cadre du projet européen « Microclimats radiatifs européens », l’IRM développe une station automatique pour la mesure des paramètres micrométéorologiques. Cette station servira plus tard de prototype pour l’installation de stations automatiques du réseau synoptique de l’IRM.
L’organigramme de l’IRM date de 1965, un temps où on ne parlait pas encore d’imagerie satellitaire, d’informatique, de télédétection etc. En outre, l’IRM effectue de plus en plus de tâches en tant que service public, au niveau des avertissements en cas de conditions météorologiques ou climatiques extrêmes, de catastrophes écologiques, par rapport au changement de climat… Le Conseil Scientifique propose alors un nouvel organigramme avec 8 départements et 17 sections. Le projet est proposé au ministre le 31 mars 1989, mais ne connait pas de suite.
Grâce à une contribution de la Loterie Nationale, l’IRM peut commencer à rattraper son retard au niveau de son équipement scientifique. L’Institut devait alors se contenter de matériel obsolète, et les contributions aux grandes organisations internationales (comme ESA, EUMETSAT ou ECMWF) n’ont pu être rentabilisées de ce fait. Cela s’explique par la diminution de crédits alloués à l’IRM, empêchant les investissements. Entre 1975 et 1988, le budget est réduit au dixième de ce qui aurait été nécessaire.
L’ « Informal Conference of Western European Directors (ICWED) » se tient à Bruxelles du 6 au 8 avril 1989 et débouche, entre autres, sur l’élaboration de la « Brussels Declaration » concernant l’échange de données météorologiques.
Du 11 au 22 septembre 1989, se tient à Bruxelles la 10ème cession de la Commission des instruments et des méthodes d'observation de l’OMM. Elle a été précédée, du 4 au 8 septembre, par la « Fourth WMO Technical Conference on Instruments and Methods of Observation ».
1990
Une série de tempêtes violentes éclate durant les mois de janvier et février 1990. Le 26 février 1990, la « Huyse de grote Sterre » à Damme, une maison de style gothique, est détruite à la suite d’une bourrasque. Elle sera toutefois reconstruite par la suite.
Face à ces tempêtes particulièrement dévastatrices, et les inondations dans la vallée de la Meuse, il est décidé de réarranger complètement le système de communication entre l’Institut et le public.
La station magnétique de Manhay, la plus vieille station magnétique de Belgique qui avait été créée par l’Université de Liège dans les années 30, passe sous la gestion de l’IRM. Le même appareil de détection du champ magnétique terrestre que celui de Dourbes est installé. Depuis 1972, c’est l’IRM qui en traite les données. En 1994-1995, la Régie des Bâtiments acquiert la gestion des bâtiments du site.
La pénurie de personnel devient un problème croissant à l’IRM. Il y a eu arrêt de l’embauche et le processus de recrutement est généralement lent, ce qui conduit à un manque d’environ 20% dans les positions cadre. Le cadre consiste en 36 membres scientifiques et 88 positions non-scientifiques ; mais l’augmentation du nombre de missions et le niveau technique élevé de l’infrastructure utilisée justifierait un ajustement. De fait, le cadre actuel n’inclut ni les informaticiens, ni les ingénieurs industriels.
Le Conseil Scientifique adopte les lignes directrices suivantes, pour la recherche scientifique à l’IRM :
- La recherche scientifique doit être, de préférence, interdisciplinaire ;
- Elle doit se concentrer autour de quelques thèmes, les plus importants étant la prévision météorologique (surtout à court terme), l’hydrométéorologie, l’étude de l’ozone et l’étude du rayonnement ;
- Il est important qu’une activité de base se maintienne dans toutes les disciplines.
Achat d’un nouveau système permettant d’effectuer des sondages radio avec les radiosondes RS80. Le positionnement du ballon est déterminé au moyen de LORAN-C (Long Range Navigation system), qui est un ensemble de balises radio pour la navigation aérienne et maritime – soit un précurseur du GPS.
1990-1991
A la section Hydrologie, on lance le projet TELSAT/II/17, qui est financé par les Services de programmation de la Politique Scientifique (SPPS). Son rôle est de fournir une estimation de l’évaporation réelle par l’exploitation des variables radiométriques et celles obtenues par télédétection sur toute la surface de la Belgique.
1991
Le département du magnétisme environnemental examine les applications du paléomagnétisme pour la reconstruction de paléoclimats, et publie plusieurs articles sur les liens entre le géomagnétisme et le climat. L’attention est portée sur le problème de l’enregistrement dans les sédiments de la dernière inversion connue avec certitude du champ magnétique, qui a eu lieu il y a 0,78 millions d’années. Selon la théorie astronomique de Milutin Milankovitch (1879-1958) sur les changements climatiques, cette inversion se serait produite durant une période interglaciaire, alors qu’elle a été enregistrée dans les dépôts de lœss de Chine durant une période glaciaire.
L’Arrêté Royal du 19 novembre 1991 modifie le statut du personnel scientifique, stipulant que pour être nommé au rang A, il faut disposer d’un doctorat ou faire preuve d'un travail scientifique équivalent. Toutefois, le Conseil Scientifique n’estime seulement que dans des cas exceptionnels qu’un travail scientifique puisse être équivalent à un doctorat.
En Belgique, il existe depuis 1991 un plan national d’urgence pour la gestion des accidents nucléaires et radiologiques. Ce plan a été actualisé par l’Arrêté Royal du 17 octobre 2003, notamment sur base de l’expérience accumulée lors des exercices d’urgence. L’IRM est chargé de recueillir et fournir les informations sur les observations et l’état météorologique au sol et dans l’atmosphère, de même que les prévisions météorologiques liées à la trajectoire des masses d’air contaminées. La préparation de la contribution de l’IRM au plan d’urgence est coordonnée en 1991 par André Maenhout (1930-2005) et sera plus tard sous la délégation d’Hugo Ottoy (1948-2001). Des experts de l’IRM et du Centre d'Etude de l'Energie Nucléaire (CEN) sont recrutés pour évaluer le plan d’urgence, sous la direction d’un représentant de l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN).
1992
Le système SAFIR de télédétection et localisation des orages est installé via des antennes de détection à Oelegem, Dourbes et La Gileppe ; et un système de télécommunication central est placé à l’IRM. L’impact d’un coup de tonnerre peut être localisé en temps réel avec une précision d’environ 1 km.
On commence à examiner la planification de l’installation de réseaux de stations météorologiques automatiques et de radars météorologiques.
Dirk Frimout, durant la mission de la navette ATLAS-1 de la NASA, effectue un vol spatial et devient le premier astronaute belge. ATLAS-1 prend également le second instrument spatial SOLCON-2. La caractérisation du radiomètre absolu est améliorée par l’addition d’un contrôle optique du faisceau laser. Le vol de l’ATLAS-1 a été la première expérience télécommandée en Europe, et conduira en 1993 à la création du « Space Remote Operation Center (SROC) » à l’IRM.
La navette spatiale lance Eureca – the European Retrievable Carrier – avec SOVA 1, le troisième instrument spatial à bord, et le rapporte 10 mois plus tard sur Terre. Sova 1 conserve à ce jour une valeur très importante pour la détermination de la constante de la valeur solaire.
La station de réception « Primary Data User Station (PDUS) », pour les images satellitaires digitales à haute résolution de « Meteosat First Generation (MSG) », est opérationnelle en 1992.
Un accord entre l’OMM et l’IRM sur la mise en place et la gestion de l’ « International Data Rescue Co-ordination Centre (IDCC) » est signé dans le cadre du WMO World Climate Programme DARE (DAta REscue). Le projet DARE-1 prévoit la conservation des données climatologiques historiques des pays d’Afrique, avec un équipement constitué d'une unité de microfilms et un lecteur/ une imprimante de microfiches. L'IDCC transforme les microfilms en microfiches. Le projet bénéficie du soutien de l'Administration Générale de la Coopération au Développement (AGCD), dans le cadre du Fonds d’affectation belge de l’OMM. Le projet DARE-I se termine le 30 juin 1997, alors que l’IDCC est mis en place à l’IRM.
Du 5 au 9 octobre 1992, la 14ème cession du système LORAN-C (Long Range Navigation) se tient à l’IRM.
1993
L’IRM lance une base de données météorologiques très facilement accessible via l’ordinateur : MeteoBBS. Ce système permet de visualiser des photos satellites, des images de radars météorologiques, les cartes SAFIR, différentes observations, des prévisions météorologiques et des avertissements.
A l’Institut Royal Météorologique, on établit un centre pour la téléopération de l’espace afin d’effectuer des expériences à bord des navettes spatiales américaines. C’est le premier centre en-dehors des Etats-Unis à partir duquel on peut contrôler les instruments sur la navette spatiale de la NASA.
Le 8 avril 1993, a lieu le lancement de la navette spatiale Discovery du « Kennedy Space Center » en Floride. La « Space Shuttle Discovery », mission STS-56, est chargée de mener des expériences spéciales afin d’étudier la Planète Terre, son atmosphère, ainsi que l’influence du Soleil sur l’atmosphère. A bord du Discovery, on trouve également l’expérience SOLCON, élaboré par l’IRM, dont le but est d’étudier la constance solaire. Les scientifiques de l’IRM se sont occupés, depuis le plateau d’Uccle, d’organiser la grande première de cette expérience en contrôlant l’équipement du Discovery en temps réel via la Marshall Space Flight Center in Huntsville, Alabama.
Avec la mission ATLAS-2, SOLCON-2 réalise son deuxième vol spatial, le quatrième vol d'un instrument de type DIARAD (DIfferential Absolute RADiometer).
Françoise Meulenberghs est lauréate de la compétition annuelle de l'Académie Royale des Sciences d'Outre-Mer (ARSOM) avec son étude portant sur l’hydrologie au Rwanda, rentrant dans le projet « Evaluation du Climat et des Ressources en Eau du Rwanda ».
Une station agro- et micrométéorologique est installée à Melle sur le domaine de l’Université de Gand. Les données sont envoyées par téléphone vers Uccle.
L’IRM, l’Institut Royal Météorologique des Pays-Bas (KNMI) et l’Institut National de Santé Publique et d’Environnement des Pays-Bas (RIVM) signalent conjointement les évolutions récentes de la couche d’ozone et des rayonnements ultra-violets au-dessus de la Belgique et des Pays-Bas.
1993-1995
Des précipitations extrêmes en décembre 1993, puis en janvier 1995, conduisent à de graves inondations dans le bassin de la Meuse. La section Hydrologie travaille en collaboration avec l’Institut Royal Météorologique des Pays-Bas (KNMI) pour produire un rapport sur le niveau élevé des eaux et les inondations autour de la Meuse en Belgique. Cette recherche est commanditée par le "Waterbouwkunding Laboratorium (WL)" pour la seconde commission Boertien des Pays-Bas. Le rapport contient une analyse des précipitations pour k-jours dans le bassin de la Meuse belge à Visé, pour la période de référence 1880-1993/1994 ainsi qu’une analyse de probabilité des valeurs extrêmes pour ces données.
1994
Avec la mission ATLAS-3, SOLCON-2 effectue son troisième vol spatial, le cinquième vol d'un instrument de type DIARAD.
Dans le cadre du rapport annuel de l’ Etat de l’Environnement Wallon (EEW94), la coordination du chapitre ‘climat’ est accordée à l’IRM. Plusieurs études originales sont réalisées, sur le climat belge, les événements météorologiques extrêmes, l’histoire du climat et une étude hydrométéorologique sur les précipitations exceptionnelles dans le sud de la Belgique en décembre 1993.
Grâce aux subsides de la Loterie Nationale, le Centre Géophysique de Dourbes achète un magnétomètre « 2G-cryogenic rock ». Ainsi, les chercheurs de l’IRM peuvent étudier le champ magnétique enregistré dans les roches, ainsi que les sédiments et les matériaux brûlés du passé. Cet instrument essentiel offre notamment une contribution importante à la recherche sur le ‘Global Change’, et donc à la connaissance générale de notre planète et de l’évolution du climat.
Le pavillon-Sud historique, qui abritait la section Bioclimatologie, est réaménagé. Le pavillon-Nord est pour sa part réorganisé afin de devenir une salle polyvalente.
A Uccle, on construit une première station météorologique automatique, qui sera utilisée comme station de référence. A partir de février 1994, les données de la station météorologique automatique de Melle sont rendues disponibles. Par la suite, un réseau de stations automatiques est progressivement instauré en Belgique.
Un système automatique d’avertissement téléphonique (messages SMS) est lancé, sur base des données récoltées par le système SAFIR, pour les risques de tempête.
Dans le cadre du microprojet SHOFM, une Convention est signée par Claudio Caponi, chef de la Direction pour l’Hydrologie et la Météorologie (DHM) du « Ministerio del Ambiente y de los Recursos Naturales Renovables (MARNR) à Caracas, Vénézuela ; sous les auspices de Dieter Kraemer, Chef duDépartement de l'hydrologie et des ressources en eau de l’OMM. Il y est décidé que les composantes micro-HOMS belges seront traduits en espagnol par le MARNR et distribués à travers l’Amérique latine.
L’IRM propose une présentation portant sur la prévision d’un indice UV-B, auprès du Comité technique pour la Météorologie de l’ « European Cooperation on Science and Technology – COST ». Lors d’une réunion du 20 au 21 décembre 1994 à l’IRM, où les experts de plusieurs Etats-membres de COST sont présents, la partie technique du « Memorandum of Understanding – MoU » est discutée.
A partir des années 90, tenant compte de la régionalisation progressive en Belgique et au vu de la demande croissante de la population pour les services météorologiques, la direction de l’IRM cherche des moyens de rationaliser un certain nombre de ses activités. Cela aboutit, en 1994, à la fusion du Service des Relations Extérieures et du Service Educatif, ce dernier ayant majoritairement été impliqué dans l’organisation d’expositions et conférences sur la météorologie dans le pays. Le nouveau service est intitulé « Users interface » ; et s’il est plus petit, ses tâches sont plus clairement déterminées. « Users interface » a pour mission, d’une part, de renforcer la relation avec le public ; et d’autre part, de fournir des données météorologiques et climatologiques dans une optique de commercialisation. Dans ce cadre, on prévoit un usage intensif des nouvelles ressources électroniques de l’institut, en particulier le réseau Internet et les courriels. Ce nouveau service pose la question de la problématique de l’ouverture du marché météorologique à la concurrence des entreprises privées à l’échelle européenne ; mais est une réponse à la pression sociale qui existe de plus en plus quant à la communication de l’institut.
Le 6ème workshop des Observatoires Géomagnétiques a lieu à Dourbes et à Pont-à-Lesse, du 18 au 24 septembre 1994. Il réunit une centaine de scientifiques et d'observateurs du monde entier. De nombreux instruments utilisés par les participants seront comparés, puis étalonnés afin de faire usage des facilités instrumentales de Dourbes. Un total de 44 contributions scientifiques est présenté à la conférence qui sera par la suite organisée à Pont-à-Lesse.
1995
L’instrument DIARAD/VIRGO sur le satellite SOHO est lancé vers le point Lagrange entre la Terre et le Soleil, grâce auquel on peut observer le Soleil en continu. DIARAD/VIRGO est le quatrième instrument et le sixième vol spatial pour un instrument type DIARAD. VIRGO est toujours actif aujourd’hui, ce qui en fait l’instrument dont la durée de mesure de l’irradiation solaire est la plus longue, subsistant plus de 14 ans sur l’ensemble du cycle solaire 23 et le début du cycle 24. Le contact avec SOHO a toutefois été perdu en juin 1998, puis rétabli grâce au travail extraordinaire de la NASA et l’ESA. DIARA/VIRGO a ainsi contribué mondialement au suivi de la Variable essentielle de climat de l’irradiation solaire.
Les services météorologiques ont été ouverts au niveau européen, où l’IRM fait bonne impression.
Le réseau EUMETNET est instauré. Il s’agit d’une coopération entre les services météorologiques nationaux d’Europe (dont l’IRM), formé dans le but d’organiser une expertise collective dans le domaine de la météo, du climat, de l’environnement et des activités connexes.
Fin 1995, ces mêmes services météorologiques vont travailler en étroite collaboration afin de rendre leurs données et produits plus accessibles, avec un focus sur les activités commerciales transnationales. Ils établissent un groupe économique commun nommé ECOMET, dont le siège social s’établit dans le pavillon Sud de l’IRM, qui vient d’être rénové.
Du 26 au 28 janvier 1995, se tient à Bruxelles la conférence internationale « Complex systems, weather and climate » sous l’auspice du groupe Climatologie Dynamique. Une trentaine de spécialistes de l’approche des systèmes complexes en sciences de l’environnement participent à la conférence.
L’Arrêté Royal du 6 avril 1995 ajuste le statut du personnel-cadre de l’IRM, qui était resté fixe depuis 1965. Bien que le nombre soit réduit de 124 à 104, on introduit dans le cadre de nouvelles fonctions : des informaticiens, des ingénieurs industriels et des programmeurs. Les calculateurs et les constructeurs sont inscrits dans le personnel de niveau 2+, mais le cas des prévisionnistes n’est toujours pas résolu.
Le Conseil Scientifique propose de renommer la section ‘Bioclimatologie’ pour en faire la section ‘Climatologie Dynamique’. Tous les postes vacants de chef de section sont déclarés ouverts.
1996
L’Institut Royal Météorologique est le premier service fédéral en Belgique qui informe le public sur une base quotidienne, grâce à son site web, et ce dès le milieu du mois de juillet 1996.
L’IRM organise, en collaboration avec l’Académie Royale des Sciences d'Outre-Mer (ARSOM), le congrès international « Tropical Climatology, Meteorology and Hydrology (TCMH-96) in memoriam of Franz Bultot ». Celui-ci dure trois jours. SAR le Prince Laurent de Belgique, président de l’Institut royal pour la Gestion durable des Ressources naturelles et la Promotion des Technologies propres (IRGT), y tient le discours d’ouverture. Godwin Patrick Olu Obasi (1933-2007), secrétaire général de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), prononce un discours où il met en exergue le travail de Franz Bultot pour l’OMM.
Le 25 novembre 1996, l’IRM signe le « Memorandum of Understanding (MoU) », qui en fait un membre à part entière du consortium international ALADIN (Aire limitée adaptation dynamique développement international). Celui-ci avait été fondé à l’initiative de Météo-France en 1990. L’IRM renoue avec la recherche fondamentale dans le domaine de la prévision numérique du temps. L’objectif est de procéder à une prévision opérationnelle avec un horizon à 36 heures et une longueur de grille du modèle numérique d'environ 5 km. Les premières prévisions opérationnelles fournies par le modèle belge ALADIN datent de février 1998.
Durant l’été 1996, des niveaux très élevés de concentration d’ozone sont observées dans les couches basses de l’atmosphère – où l’on atteint un niveau de 180 microgrammes par mètre cube. Ce phénomène est de plus en plus fréquent au cours des dernières années, comme le reflètent entre autres les sondages d’ozone effectués par l’IRM depuis 1969.
Les journées portes ouvertes, organisées à l’occasion du bicentenaire de la naissance d’Adolphe Quetelet (1769-1874) qui est le fondateur de l’Observateur Royal de Bruxelles, rassemblent plus de 20.000 visiteurs sur le Plateau d’Uccle.
1997
Suite à une décision du Secrétaire d’Etat à la coopération, l’IRM n’est plus autorisé à faire de la coopération internationale en matière de météorologie, climatologie et hydrologie - comme cela se faisait au sein de la Direction générale de la Coopération au Développement (DGCD). Cela met fin à des années de coopération technique et de projets menés, dans un domaine qui est intrinsèquement transnational.
EUMETSAT lance le programme « Satellite Application Facility (SAF) », grâce auquel des produits dérivés du satellite sont proposés aux Etats membre d’EUMETSAT, plutôt que devoir les fournir eux-mêmes. L’IRM joue un rôle important dans la réalisation d’un certain nombre de ces SAF, comme on peut le voir d’après cette liste :
- O3M SAF : EUMESAT Satellite Application Facility on Ozone and Atmospheric Chemistry Monitoring, débute en 1997-1998 ;
- CMSAF/Climate SAF : Climate Monitoring Satellite Application Facility, débute en 1999 ;
- LSA-SAF : EUMETSAT Satellite Application Facility on Land Surface Analysis, débute fin 1999 ;
- H-SAF: Satellite Application Facility on Support to Operational Hydrology and Water Management, débute en septembre 2004.
Dans le « Land Surface Analysis SAF (LSA-SAF) », l’IRM valorise l’expérience acquise durant le projet TELSAT, et est nommé responsable de l’élaboration des composantes « évapotranspiration ».
Après l’arrêt du programme ATLAS, une nouvelle opportunité de vol pour SOLCON est trouvée dans le programme Hitchhiker. SOVA 1 entame son deuxième vol spatial à travers l’expérience TAS1 de la navette spatiale STS-85, le septième vol pour un radiomètre de type DIARAD.
Après la mise en service de la quatrième version du logiciel ARTIST pour le déchiffrement automatique des sondages ionosphériques, un serveur web est installé afin de fournir des données en temps quasi réel.
Du 9 au 11 juin 1997, le « Fourth International ScaRaB Science Working Group » se réunit à l’IRM. Au cours de cette réunion, la validation des résultats et les mesures du « Scanner for radiation budget – ScaRaB » sont présentées et discutés.
Les 23 et 24 juin 1997, se tient la 6ème réunion de la « GERB International Science Team (GIST) ». L’objectif est de préciser les objectifs et les besoins des utilisateurs, ainsi que de définir les modalités de gestion et d’archivage des données GERB.
La seconde Assemblée générale des membres d’ALADIN a lieu le 5 décembre 1997 à l’Institut Royal Météorologique.
Du 29 septembre au 3 octobre 1997, l’IRM organise à Bruxelles, en collaboration avec EUMETSAT, la « Meteorological Satellite Data User’s Conference ».
1998
Le « Frequent Flyer SOLCON 2 » réalise son quatrième vol spatial, le huitième vol pour un radiomètre de type DIARAD à travers l’expérience IEH3 sur la navette spatiale STS-95.
On publie le premier diagramme depuis la période romaine, représentant la variation séculaire de la direction du champ magnétique terrestre pour la Belgique.
Une mention honorable pour les sciences de l’environnement dans le cadre du « WMO Professor Mariolopoulos – Kanaginis Trust Fund Award » est attribué à Stéphane Vannitsem et Catherine Nicolis pour leur article « Lyapunov vectors and error growth patterns in a T21L3 quasigeostrophic model ».
1999
L’Institut Royal Météorologique est complètement réorganisé et adopte une nouvelle structure basée sur le « Performance Management », dont l’optique est de faciliter toute transition vers un environnement changeant. Une consultation avec le Conseil exécutif et le personnel de l’institut aboutit à la détermination des valeurs et d’une vision comme suit :
« Un service fiable, au public et aux autorités, basé sur la recherche, l'innovation et la continuité. »
L’Arrêté Royal N.99-561 du 26 janvier 1999 publie les modifications relatives à l’organigramme de l’IRM.
L’IRM est à présent composée de 5 départements et 13 sections :
Département I : Services opérationnels et aux usagers
Section 1 : Prévisions, avertissements, informations météorologiques et climatologiques
Section 2 : Services commerciaux et d’information
Département II : Recherche météorologique et développement
Section 3 : Modélisations hydro-météorologiques
Section 4 : Météorologie et Climatologie dynamiques
Section 5 : Analyse de risques et durabilité
Département III : Géophysique : services et recherche
Section 6 : Observations et instruments géomagnétiques
Section 7 : Magnétisme environnemental
Section 8 : Profils ionosphériques
Département IV : Observations
Section 9 : Stations d’observation
Section 10 : Télédétection à partir du sol
Section 11 : Télédétection à partir de l’espace
Département V : Traitement de l’information
Section 12 : Infrastructure informatique et télécommunications
Section 13 : Gestion des données
Les aéronautes Bertrand Piccard et Brian Jones effectuent le premier vol autour du monde à bord du BREITLING ORBITER 3. Ils partent le 1er mars 1999 depuis la petite ville de Château-d'Œx en Suisse, pour atterrir 19 jours plus tard, après leur vol panoramique, en Egypte de l’ouest. L’IRM les assiste en fournissant des prévisions météorologiques numériques, sur un horizon de 5 à 6 jours.
L’IRM est un partenaire du « Climate Monitoring Satellite Application Facility (CMSAF) » qui s’est fondé au sein d’EUMETSAT, et s’occupe des flux de rayonnement dans la haute atmosphère. Le but de CMSAF est de fournir des données satellite, mais aussi de recourir à l’utilisation opérationnelle des prévisions météorologiques et d’assurer un monitoring du climat.
L’IRM participe également à la « Land Surface Analysis SAF » en réalisant des produits relatifs à l’évapotranspiration réelle et aux flux turbulents de surface. Le SAF a pour objectif de faciliter l’exploitation des données météorologiques, en proposant aux utilisateurs un ensemble complet de produits satellitaires qui permettent de caractériser les surfaces continentales.
Deux campagnes spéciales prennent place au Centre de Géophysique de Dourbes. La première se fait à l’occasion de l’éclipse totale du soleil du 11 août 1999, avec un équipement qui ne sera pas affecté par la nébulosité ; et la seconde à l’occasion de la « Space Weather Week ».
Du 4 au 26 mai 1999, le 13ème Congrès de l’OMM est organisé à Genève. Comme délégué principal de l’IRM, le directeur Henri Malcorps mène une représentation composée de certains membres du personnel de l’IRM ainsi que de la représentation permanente de la Belgique auprès de l’Office des Nations Unies à Genève. Le cinquième plan pour dix ans (2000-2009) est approuvé. Durant le congrès, la Belgique travaille avec d’autres membres à l’élaboration d’un « Change Agenda », pouvait aider l’OMM à adopter un mode de gestion plus moderne. Un premier pas dans cette direction fut de limiter le nombre de mandats du Secrétaire Général de l’OMM à un maximum de 3. En lien avec le congrès, se tient également la « Technical Conference on Management of Meteorological Services in Regional Association VI ».
Au sein de l’OMM, on décide de rationaliser le réseau de télécommunications pour l’échange de données météorologiques. L’ensemble du projet, que l’on nomme « Regional Meteorological Date Communication Network (RMDCN) », est attribué au ECMWF à Reading. L’IRM est alors le nœud du réseau de l’ECMWF, tandis que Belgocontrol est celui de l’OMM. Le projet RMDCN ramène alors le cœur du réseau de l’OMM au sein du giron de l’IRM. Pour le Centre de calcul de l’IRM, cela implique plus de personnel, et l’organisation d’un service continu avec des opérateurs 24h/7– de même qu’un besoin de renforcer les technologies de l’information et de la télécommunication (ITC).
1999-2000
Le 31 décembre 1999, tous les membres du département ITC se tiennent disponibles à l’IRM, pas seulement pour célébrer la nouvelle année, mais aussi pour tenir à l’œil les programmes opérationnels en cas d’apparition d’un bug du millénaire. Tout fonctionne parfaitement à l’exception d’un petit détail dans la création d’une carte de prévision du temps, mais ce sera de suite rétabli. L’excellente performance du programme est le résultat de deux ans de travail.
2000
Durant l’été 2000, débutent les prévisions quotidiennes relatives aux indices UV-B, dans le cadre de l’action COST 713 qui démarre en octobre 1996 et se termine en mars 2001.
Publication du deuxième Atlas européen sur le rayonnement solaire (« European Solar Radiation Atlas – ESRA »), qui comprend de nombreuses applications pour l’utilisateur. L’IRM joue un rôle important dans cette publication, qui se préoccupe du domaine des énergies renouvelables.
En mars 2001, les services météorologiques côtiers sont affectés à l’IRM à la suite d’un appel d’offre public. Ils étaient avant cela assurés par la Station Météorologique Océanographique (SMO) relevant de l’ « Administratie Waterwegen en Zeewegen (AWZ) ». Ce service propose quatre fois par jour des prévisions météorologiques maritimes portant sur les vagues, les marées, le vent et la visibilité en mer. Cette nouvelle antenne permet à l’IRM d’améliorer le service à la côte et en mer.
Une station automatique climatologique, hydrologique et radiométrique est implantée sur le Mont-Rigi en Haute Belgique, en collaboration avec l’ Université de Liège et la Direction Générale des Ressources Naturelles et de l’Environnement (DGRNE) de la Région wallonne.
Quelques références :
Alexandre, P. & Denoyelle, J. (Editors) (1996) Tweehonderdste verjaardag van de geboorte van Adolphe Quetelet (1796-1874) Stichter van de Sterrenwacht van Brussel. Koninklijke Sterrenwacht van België. Astronomisch Bulletin, Band XI, Nr. 1, 113 p.
Demarée, G.R., Lachaert, P.-J., Verhoeve, T. & Thoen, E. (2002) The long-term daily Central Belgium Temperature (CBT) series (1767-1998) and early instrumental meteorological Observations in Belgium. Climatic Change, 53, p. 269-293.
Dufour, L. (1950) Esquisse d’une Histoire de la Météorologie en Belgique. Institut Royal Météorologique de Belgique, Miscellanées, Fasc. XL, 55 p.
Dufour, L. (1947) Quelques considérations sut l’œuvre météorologique de A. Quetelet (1796-1874). In: Notes pour servir à l’Histoire de la Météorologie en Belgique. Institut Royal Météorologique de Belgique, Miscellanées, Fasc. XXIX, p.18-32.
Mailly, E. (1875) Essai sur la vie et les ouvrages de L.-A.-J. Quetelet. Extrait de l’Annuaire de l’Académie royale de Belgique, 191 p.
Quetelet, A. (1834) Aperçu historique des observations de météorologie faites en Belgique jusqu’à ce jour. Annales de l’Observatoire de Bruxelles, I, première partie, p. 1-72; Nouveaux Mémoires de l’Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Bruxelles, VIII, Hayez, Bruxelles, 72 p.
Verhas, P. (2002) Jean-Charles Houzeau et son temps. Fondation Arthur Mergelynck, Archives et Collections thérésiennes 2, Académie Royale de Belgique, 239 p.
Verhas, P. (s.d.) Histoire d’une république scientifique. L’Observatoire royal de Belgique, 242p.