Les scientifiques et climatologues scrutent les nuages et leur évolution car ils jouent un rôle crucial dans le réchauffement climatique. Les inquiétudes actuelles portent principalement sur la rétroaction positive que semble présenter certains types de nuages : ils deviendraient moins présents et moins réfléchissants, ce qui contribuerait à renforcer le réchauffement de la planète. La diminution de la pollution atmosphérique pourrait également modifier la nébulosité et amener le système climatique vers un état plus chaud. L’accélération du réchauffement et les nombreux records de température battus depuis 2023 semblent s’expliquer par ces changements de nébulosité. Grâce aux observations satellites du projet EarthCARE, une analyse détaillée est effectuée afin d’obtenir une description complète des nuages et aérosols à l’échelle globale.
L’IRM observe la capacité des nuages à réfléchir le rayonnement solaire
Grâce au satellite EarthCARE (Earth Cloud Aerosol and Radiation Explorer) de l’Agence Spatiale Européene (ESA), les scientifiques de l’Institut Royal Météorologique (IRM) suivent l’évolution des nuages de près et tentent de l’objectiver par la fourniture d’observations satellitaires de haute qualité, avec une description complète, en 3 dimensions, des nuages et des aérosols à l’échelle globale.

L’Institut est en particulier actif dans l’observation de l’effet radiatif des nuages, c’est-à-dire la manière dont ils réfléchissent le rayonnement solaire et captent le rayonnement infrarouge terrestre grâce au radiomètre à bande large BBR (pour BroadBand Radiometer). Le satellite est composé de trois autres instruments : un radar, un lidar et un imageur.
Une équipe de 4 scientifiques de l’IRM est directement impliquée dans la mission. Le Dr. Nicolas Clerbaux est responsable du groupe de travail en charge de la qualité des données et de l’opération du radiomètre BBR. Mme Almudena Velázquez s’occupe, elle, du traitement de ces données et de l’estimation des effets radiatifs. Un troisième scientifique, le Dr Edward Baudrez, gère la géolocalisation précise des observations et de leur co-registration avec les autres instruments. Enfin, Dr Christine Aebi s’occupe de la validation des différents produits via un projet Prodex financé par la politique scientifique fédérale belge.
Objectif : vérifier et améliorer la représentation des nuages pour les prévisions météorologiques et les projections climatiques
Almudena Velázquez nous explique : « sur base des mesures des instruments actifs, un laser et un radar, et de l’imageur, les propriétés des nuages et des aérosols sont estimées. La nébulosité est reconstruite en 3 dimensions et ensuite, les flux radiatifs sont simulés par nos collègues du projet EarthCARE sur base de ces reconstructions. Les effets radiatifs peuvent alors être estimés séparément pour la réflexion solaire et l’émission thermique, et comparés aux observations du radiomètre. Ceci permet de valider la représentation des nuages dans les modèles et de déterminer les aspects à améliorer. Les premiers résultats sont très encourageants ».
Comparaison entre les flux modélisés (courbes rouges) et observés par le radiomètre à bande large (courbes noires) pour environ 15 minutes d’acquisition de mesures par le satellite EarthCARE. Source : ECMWF