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Le tremblement de terre en Turquie détecté jusque dans l'espace

Juste en dehors de l'atmosphère se trouve une couche autour de la terre appelée ionosphère. Dans cette couche, le rayonnement le plus énergétique provenant du soleil, principalement le rayonnement ultraviolet lointain et les rayons X, est suffisamment puissant pour transformer les particules présentes dans les gaz, en particules chargées ou ions. Ainsi, contrairement aux gaz neutres de l'atmosphère, on y trouve des électrons libres et des ions chargés positivement. Ces particules chargées électriquement forment un plasma piégé dans le champ magnétique de la Terre.

Le département "Ionosphère et météo spatiale" de l'IRM effectue des recherches sur les différents processus qui se déroulent dans l'ionosphère et sur les facteurs qui l'influencent. Le groupe de recherche utilise divers instruments pour surveiller en permanence l'état de l'ionosphère.

Fin 2022, les scientifiques de l'IRM ont installé un nouvel instrument composé d'un émetteur radio à Dourbes et d'un récepteur à Uccle. L'émetteur émet en permanence un signal de 4,59 MHz. Ce signal est réfléchi par l'ionosphère - car les particules chargées y réfléchissent les ondes radio - à une altitude comprise entre 200 et 300 km, puis enregistré par le récepteur. La variation du signal fournit alors des informations sur les mouvements du plasma dans l'ionosphère.

L'antenne émettrice à Dourbes (à gauche, 25 mètres de long), et l'antenne réceptrice sur le toit de l’IRM à Uccle (à droite, 1 mètre de diamètre).
L'antenne émettrice à Dourbes (à gauche, 25 mètres de long), et l'antenne réceptrice sur le toit de l’IRM à Uccle (à droite, 1 mètre de diamètre).

Un violent séisme s'est produit en Turquie le long de la zone de faille de l'Anatolie orientale le lundi 13 février 2023. En fait, il y a eu deux secousses de force presque égale : à 01:17 UTC avec une magnitude de 7,8 et à 10:24 UTC avec une magnitude de 7,7. Des tremblements de terre aussi violents peuvent avoir des effets au-delà de l'atmosphère et donc affecter également l'ionosphère.

Comme le nouvel instrument de surveillance de l'ionosphère fonctionne avec une onde continue, il permet de détecter les perturbations à petite échelle dans l'ionosphère. La figure ci-dessous montre l'effet dans l'ionosphère des infrasons produits par le choc à 10:24 UTC (l'état de l'ionosphère pendant la nuit n'était pas approprié pour voir un effet après le premier choc).  On peut y voir que l'effet apparaît dans l'ionosphère au-dessus de la Belgique à partir de 10:43 UTC, et qu'il se manifeste comme des changements momentanés dans le signal reçu de l'instrument de mesure avec une ampleur ou amplitude d'environ ±1,5 Hz.

Les infrasons sont perçus comme un décalage d'une onde radio réfléchie par l'ionosphère.

Les infrasons sont perçus comme un décalage d'une onde radio réfléchie par l'ionosphère.

Dans le cas présent, on sait où se trouve la source de cette perturbation dans l'ionosphère, mais souvent ce n'est pas le cas. C'est pourquoi, au cours de l'année 2023, deux émetteurs radio supplémentaires seront installés à des endroits différents, de sorte que des mesures soient effectuées simultanément à trois points de réflexion différents. Sur la base de ces différentes mesures, la vitesse et la direction dans laquelle se déplace une perturbation peuvent alors être déterminées, ce qui permet de l'associer à une source particulière.

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