Newsletter
Les sécheresses persistantes dans l'histoire
Suite à la remarquable période de sécheresse que nous avons connu ces derniers mois, le Dr. Gaston Demarée, anciennement chef du service hydrologique de l'IRM et férut d'histoire de la météorologie, a recherché dans les plus anciennes archives disponibles les périodes de sécheresse persistantes qui ont touché la Belgique et ses pays voisins, entre les XVIème et XIXème siècles. Le Dr. Gaston Demarée est également l'auteur de l'historique de l'IRM visible sur notre site web.
Voici la compilation des événements qu'il a pu retrouver (en ancien français dans le texte!)
“La saison de l’esté de ceste année [1540] fut si chaulde que plusieurs fontaines perdirent leur source et aulcun rivièrs leur cource; il convenoit aux Hesbengnons amener leurs bestes comme brebis, vaches et moutons en la rivière de Meuse; les grains furent cuilliez et vendainge faicte avant le fin du moys d’aoust.” (Balau, Chroniques liégeoises, 1913, p. 405)
“L’on a vendangé le lendemain de la St-Epvre que étoit le 16 septembre [1624], laquelle année a été si chaude, voir être trois et quatre mois sans pleuvoir. ” (Lepage, 1853, Nancy, Recherches historiques …, p. 55)
“Aussy cet année [1637] esté la moisson fort avancée à raison de la grande sécheresse continuée tout le mois de May, de Juin, car l’on a commencé à couper les grains au mois de Juin et estoyent les durs grains icy presque tous inhorrés devant la feste Ste Marie Magd., comme l’an passé encor fut la moisson avancée, car les orges hibernalles estoyent meures aulcuns au mois de May, ce qui est notable.” (van Wintershoven, Chronique tirée des registres paroissiaux d’Emael, 1904, p. 60)
“En mai 1672, la sécheresse avait tant baissé les eaux de l’Yssel et du Rhin, que ce dernier était guéable sur un bras en plusieurs endroits, ce qui en permit le passage à l’armée de Louis XIV le 5 juin suivant.” (Fuster, 1845, … sécheresses dans le Nord)
“L'esté [1684] at esté chaud et secq; les sécheresse et sérénilée de l'air ayant continués très longtems, il y at eu abondance de grains et de bon vin. (Chronique de Sébastien de Blanchart, 1898, Luxembourg)
“L’année 1691 fut d’une sécheresse tout-à-fait anormale. Depuis le mois de juin jusqu’au 31 décembre, la pluie ne tomba à Huy que deux fois, et encore pour une heure tout au plus. La récolte des vignobles fut exceptionnelle; et le vin, de très bonne qualité. Par contre, les grains ne répondirent nullement à l’attente des cultivateurs.” (Fréson, Huy, 1898, p. 197)
“La présente année [1701] qui fut la première du siècle fut assez remarquable; l’été fut fort sec, il nij eut point de pluies pendant trois ou quatre mois, les bleds furent abondans, excepté en cette paroisse, quique c’était la grande couture.” (Maus, Le Cartulaire de l’église de Torgny, p. 63)
“Il y eut, en 1743, une très grande sécheresse et le 30 juin, on ordonna des prières publiques et on refit une procession avec le chef de St Lambert, mais cette fois pour obtenir de l’eau.” (Falise, Bulletin de la Société Royale le Vieux-Liège, 1938, p. 346)
“L’année 1772, depuis le mois d’Avril jusqu’à la fin du mois d’Octobre, amena un tems sec, qui n’étoit que très rarement interrompu par quelque pluie abondante.” (Lambert, Suite de l’Essai d’Hygrométie, p. 71)
“La sécheresse de 1781 régna au printemps et en été: sa durée fut de plus de six mois; elle succéda immédiatement à une tempête furieuse qui eut lieu le 27 février, et elle persista, sauf quelques courtes pluies, jusqu’au milieu du mois de septembre. Cette sécheresse, accompagnée de chaleur, rendit l’année très-précoce et très fertile. Il ne tomba que 367 millimètres d’eau au lieu de 530 millimètres, et le nombre des jours pluvieux, ne s’éleva à Paris et dans les régions du Nord, qu’à 91 au lieu de 150.” (Fuster, 1845, … sécheresses dans le Nord, p. 331)
“Du 21 juin de l’an que dessus [1791], il y a eu une sécheresse qui a duré près de trois mois et demy, il n’y a point eu de petit foin dans la plus grande partie de la paroisse, ny raves
ny autres légumes, du vin en petite quantité dans les endroits sabloneux, mais fort cher, il s’en est vendu à 3 livres 35 l’anée le vieux, 40 ou 45 livres l’anée suivant sa qualité; les autres danrées ont été médiocres; a peine peut on trouver es trufes rouges pour 5 à 6 livres le bicheton.” (http://geneactinsolites.free.fr/secheresse%201782.htm#1762)
“L’été de 1800 a été remarquable par la sécheresse opiniatre qui a duré 52 jours, ce qui est sans exemple.” (Gand, manuscrit Schamp, BR Bruxelles, Ms. 2768, p. 22)
“Nous ne devons pas oublier la grande sécheresse de 1825. Des observations très-précises en font connaître le degré. Elle commença au mois de novembre 1824, et se prolongea, sans discontinuer, jusqu’au mois d’octobre 1825. On l’a signalée du midi au nord et de l’est à l’ouest, notamment à Paris, à Metz, à Rouen, à Strasbourg, à Nantes, à Berzé-la-Ville, à Tarbes, à Joyeuse, à Orange, à Marseille. Le nombre des jours pluvieux et la quantité des pluies se sont montrés partout plus faibles qu’à l’ordinaire; partout aussi, spécialement à Paris, à Châlons, à Bordeaux, à Nevers, à Arles, l’abaissement des fleuves avait atteint ou dépassé le terme de l’étiage.” (Fuster, 1845, … sécheresses générales, p. 327-328)